La vie de Yorgui Koli, figure exceptionnelle de l’histoire militaire tchadienne et française, offre un exemple inspirant de dévouement et de bravoure. Né le 8 janvier 1896 à Bendi, district de Moïssala au Tchad, il s’engage dans une carrière militaire qui le mènera à travers plusieurs continents et de nombreux conflits historiques majeurs. Sa trajectoire illustre l’engagement d’un homme au service de son pays adopteur, la France, dans certains des moments les plus tumultueux du XXe siècle.
Yorgui Koli rejoint les rangs de l’armée en janvier 1921. Dès ses débuts dans les régiments coloniaux, il se distingue par sa participation aux opérations de pacification du Maroc. Son parcours le conduit ensuite en Tunisie, où il sert jusqu’à la fin des années 1920 avant d’être réaffecté au Tibesti, une région exigeante rendant difficile chaque mission. C’est là qu’il accomplit l’un de ses premiers actes héroïques en 1932, en menant sa patrouille contre des bandits, un exploit qui lui vaut une citation élogieuse à l’ordre du Régiment.
La reconnaissance ne tarde pas à venir, tant sous la forme de promotions que de distinctions militaires. Médaillé militaire et promu adjudant, Koli devient rapidement adjudant-chef et, lors des prémices de la Seconde Guerre mondiale, il est envoyé en métropole pour renforcer les troupes françaises. Son voyage l’emmène de Tchad vers la France à travers l’Afrique, passant par Bangui et Brazzaville, soulignant son rôle clé dans le soutien aux forces loyales à la France Libre.
Au service de la France Libre, Yorgui Koli intègre le premier bataillon de marche (BM 1) et se distingue à nouveau lors de la campagne du Gabon. Sa capacité à motiver et diriger ses soldats est citée pour son efficacité, traduisant une aptitude exceptionnelle à conduire des hommes au combat dans des situations complexes.
S’en suit sa participation à la campagne de Syrie où il est gravement blessé, un événement marquant de sa carrière. Sa résilience et son courage face à l’adversité se voient récompensés par sa promotion au grade de sous-lieutenant. Rapatrié au Tchad en novembre 1942, il est impliqué dans les campagnes de Fezzan et de Tunisie. Ses actions au Djebel Garci soulignent son courage sous le feu et sa capacité à inspirer ses hommes, le menant encore une fois à être cité pour son comportement exemplaire.
La progression de sa carrière le mène en Italie, où il prend part à la campagne, gagnant ainsi encore une reconnaissance officielle. Lors du débarquement de Provence, il continue de se battre jusqu’à la fin de la guerre en Europe. Après la bataille, il est affecté au camp de Fréjus avant de revenir en Afrique, établissant ainsi une connexion continue entre son pays natal, le Tchad, et sa patrie d’adoption, la France.
Libéré du service actif en 1948, Yorgui Koli choisit de rester au Tchad où il se tourne vers l’agriculture. Sa naturalisation comme citoyen français en 1949 couronne une vie de loyauté et de service. Un chevalier de la Légion d’Honneur, compagnon de la Libération et récipiendaire de nombreuses autres décorations, son parcours est un témoignage vivant de dévouement à un idéal supérieur.
Les médailles qu’il a reçues, de la Médaille Militaire à la Croix de Guerre 39-45, symbolisent ses contributions sur divers fronts. À travers ces distinctions, l’histoire de sa vie se dessine comme celle d’un engagement sans faille et d’un courage inébranlable. Yorgui Koli s’éteint en juillet 1970 à Fort-Archambault, maintenant Sarh, mais son héritage de courage et d’honneur reste vivant, rappelant à ceux qui le suivent l’importance de servir avec distinction et intégrité. Il incarne, pour la postérité, la fidélité à une cause noble et la détermination à surmonter toutes les épreuves. Sa vie nous encourage à perpétuer sa mémoire, nous rappelant l’impact durable d’un leadership intègre et courageux.