Héroïsme et Tragédie : Le Sacrifice des Jeunes Résistants de Saucats en 1944

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Le 14 juillet 1944, un groupe de jeunes résistants de la ferme de Richemont à Saucats, en Gironde, inscrivait une page tragique dans l’histoire de la Résistance française. Ces adolescents, pour la plupart âgés de 17 à 22 ans, étaient des étudiants ou d’anciens élèves du Lycée Michel Montaigne de Bordeaux. Engagés dans la lutte contre l’occupation nazie, ils avaient pour mission de collecter des renseignements stratégiques, tels que la localisation des défenses anti-aériennes allemandes ou les mouvements sur la base aérienne de Mérignac. Ces actions courageuses visaient à préparer le terrain pour des interventions plus offensives après le Débarquement, notamment en sabotant des infrastructures clés pour ralentir l’avancée allemande vers le front de Normandie.

Sous la direction du lieutenant François Moss, un ancien du Vercors ayant déjà mené des actions de sabotage telles que celle de l’usine électrique de Cenon, ce groupe de résistants, renforcé par trois prisonniers nord-africains évadés, a trouvé refuge dans une ancienne ferme isolée de la région de Saucats. Toutefois, leur sécurité fut compromise par une trahison interne, menant à une attaque massive orchestrée par les forces allemandes et la Milice française. Avec seulement 12 mitraillettes et quelques grenades pour se défendre, les jeunes maquisards se trouvèrent rapidement dépassés par l’arrivée d’un canon de 105 mm amené pour soutenir l’assaut. En dépit de leur bravoure, les résistants furent contraints de céder et furent violemment abattus, dépouillés de leurs objets de valeur.

Dans l’attaque, douze jeunes résistants ont perdu la vie et leurs familles ont pu éviter les représailles grâce à la destruction préalable de leurs papiers personnels. L’histoire a retenu leurs noms, notamment Lucien Anere, Jean-Claude Bruneau, Guy Célerier, et bien d’autres, dont le sacrifice a été reconnu après la Libération, en septembre 1944. Un hommage solennel leur fut rendu en avril 1945 à Bordeaux, où leur devise, empruntée à Henri de Bournazel, résonnait avec émotion : « Mon âme est à Dieu, mon corps à la France, mon honneur est à moi. »

Chaque 14 juillet, leur mémoire est honorée au Lycée Michel Montaigne de Bordeaux et au Mémorial de Saucats, érigé en 1949. Cette année, le 80ème anniversaire de cet événement tragique a été marqué par une cérémonie émouvante en présence de personnalités importantes telles que le préfet Étienne Guyot et le général de l’armée de l’air Laurent Lherbette. Lors de cet hommage, parachutistes spécialistes du renseignement ont effectué une démonstration en clin d’œil à ces jeunes résistants, rappelant leur courage et leur détermination.

L’histoire de ces jeunes héros demeure inspirante pour les générations actuelles et futures, incitant à se souvenir des sacrifices consentis au nom de la liberté. Leur commémoration annuelle est non seulement un devoir de mémoire, mais aussi un vibrant appel à la vigilance et à l’engagement pour la paix. En honorant leur lutte, nous célébrons ces valeurs d’honneur, de loyauté et de patriotisme qui continuent d’éclairer notre chemin vers un monde meilleur. Si vous êtes de passage dans la région, une visite au Mémorial de Richemont s’impose pour ressentir la force de cet héritage que nous devons chérir et transmettre.