Colombie choisit les jets Saab Gripen pour moderniser sa flotte, un pari stratégique sous influence américaine

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La récente décision de la Colombie d’acquérir des avions de chasse Saab Gripen E/F représente un tournant majeur dans sa stratégie de défense. Avec l’acquisition de 16 appareils pour une somme avoisinant les 3,65 milliards de dollars, le pays vise à moderniser sa flotte aérienne vieillissante. Ce choix est le fruit d’une évaluation approfondie des options disponibles, incluant également le Rafale français et le F-16 américain. La sélection du Gripen suédois s’est faite sur la base de plusieurs facteurs, notamment son coût avantageux et une offre attrayante de transfert de technologie, deux éléments clés qui ont pesé dans la balance.

Cependant, cette décision, bien que stratégique, n’est pas exempte de défis potentiels. Un facteur crucial dans la vente est la présence de composants américains dans le Gripen E/F, ce qui pourrait entraîner des complications du fait des règlements américains sur le trafic international d’armes, connus sous le nom d’ITAR. Ces régulations pourraient permettre aux États-Unis de bloquer ou de retarder l’accord, compliquant ainsi la transaction avec la Colombie. Cette dépendance aux composants fabriqués aux États-Unis suscite des interrogations légitimes sur la durabilité de cet accord et sur l’approbation nécessaire de Washington.

En parallèle, il est intéressant de noter que le changement significatif dans la politique de défense colombienne est impulsé par le président Gustavo Petro. Celui-ci, bien qu’ayant exprimé auparavant ses réticences à accroître les dépenses militaires, met désormais l’accent sur le renforcement de la sécurité nationale. Ce virage stratégique marque la priorité mise sur la modernisation de sa force aérienne, l’armée de l’air colombienne utilisant actuellement des avions Kfir de fabrication israélienne qui arrivent en fin de vie opérationnelle. Le remplacement de cette flotte est donc un impératif pour garantir la sécurité aérienne du pays.

Le choix du Gripen E/F, au-delà de son coût et des offres technologiques, peut aussi être vu comme une décision politique. En écartant le Rafale, la Colombie a pris une direction qui, bien que logique économiquement, représente un « coup dur » pour la France, car le Rafale était en lice comme un sérieux concurrent. Cela démontre également l’influence durable des États-Unis grâce aux composants qui équipent ces appareils, et de leur propre offre avec les F-16, soulignant ainsi une compétition géopolitique et économique qui ne cesse de s’intensifier dans le domaine de l’armement.

En conclusion, cette acquisition est plus qu’une simple mise à jour technologique. Elle soulève des questions plus larges concernant l’indépendance militaire de la Colombie, son positionnement stratégique dans la région, et les implications politiques de ses choix. En poursuivant ce chemin vers la modernisation, la Colombie devra jongler entre la nécessité de renforcer sa sécurité aérienne et les complexités internationales qui accompagnent un accord de cette envergure. Pour les professionnels intéressés par l’aviation militaire et les affaires internationales, cette situation offre un cas d’étude fascinant sur la manière dont les considérations de coûts, de technologie et de politique s’enchevêtrent dans les décisions d’acquisition d’armement.